Escapade à Lac-Édouard, au Québec

Pour la fin de semaine de mon anniversaire, on m’a proposé de me perdre en nature en visitant un petit village situé à quelques heures au nord de Québec : Lac-Édouard. Là-bas, m’a-t-on dit, il n’y a pas de réseau cellulaire, la connexion sans fil est douteuse, et il n’y a pas vraiment de centre-ville délimité par des cafés, des boutiques ou des commerces en tout genre. Est-ce que ça m’a attirée? Évidemment.

Le voyage en entier m’inspirait le désir de quitter la ville pour quelques jours en même temps que mes responsabilités, en compagnie de ma fille de huit ans. Notre aventure a commencé par le voyage en train. Le trajet de Montréal à Lac-Édouard (le train va jusqu’à Jonquière) est parfait pour ceux qui ne sont pas pressés. Les voyageurs sont détendus et sympathiques. Les gens s’installent confortablement, lisent, jouent à des jeux ou aux cartes, et tout le monde profite du paysage : les innombrables lacs, rivières, champs, granges… C’est une partie de la province que la plupart d’entre nous n’ont pas l’occasion de voir très souvent, surtout que le chemin de fer va là où il n’y pas de routes.

Le sanatorium de Lac-Édouard

Simon et Stéphanie au Sanatorium de Lac-Édouard
Simon et Stéphanie au Sanatorium de Lac-Édouard

Nous sommes descendues du train devant un poteau indicateur, juste avant la gare de Lac-Édouard, où nous avons été accueillies par Simon, le propriétaire du sanatorium, Stéphanie, sa conjointe et associée, ainsi que leur lama noir – qui nous ont souhaité la bienvenue avec beaucoup d’enthousiasme! Les lamas sont pour les petites filles ce que les… lamas sont pour les adultes : des lamas! Nous étions déjà charmées, et nous n’étions arrivées que depuis cinq minutes.

« Le san », comme on l’appelle familièrement, a officiellement ouvert ses portes en 1909. Sa mission à l’époque était le traitement de tuberculeux. Son histoire n’est pas linéaire : ses propriétaires et son mandat ont changé à de nombreuses reprises (d’hôpital à centre de vacances), jusqu’à ce qu’il ferme ses portes en 2004, après quoi il a manifestement été abandonné.

C’est avec nostalgie que Simon, un agriculteur de formation, a utilisé un terrain à cet endroit pour y faire pousser sa spécialité : des fraises de fin de saison (qui mûrissent après les fraises d’été et avant celles d’automne). Il y a longtemps, son grand-père et sa grand-mère travaillaient au sanatorium, alors il se souvenait bien de visites estivales là-bas quand il était petit. Enfin, c’est par amour qu’il a pris la décision d’acquérir le site, dont l’état était lamentable à l’époque. Au cours des cinq années qui ont suivi, lui et Stéphanie ont commencé à restaurer méticuleusement le terrain et les bâtiments de ce site patrimonial.

Les grandparents de Simon au Sanatorium il y a longtemps
Les grandparents de Simon au Sanatorium il y a longtemps

Jusqu’à maintenant, ils ont réussi à transformer la grange (des lamas! des oies! des canards!) et le bâtiment principal, qui comprend cinq chambres d’invités. Dans un an, ils prévoient avoir rénové trois nouveaux bâtiments et avoir fait passer la capacité d’accueil du site à 20 chambres, ce qui en ferait une destination parfaite pour les familles. On trouve déjà sur le terrain de camping du site six tentes qui sont presque des minimaisons, dotées de deux lits doubles chacune. Il y a aussi la plage et le terrain de jeu municipaux, plusieurs quais, et des kayaks et canots en location.

Les martinets ramoneurs

Et ce n’est pas tout! Il y a une autre chose fantastique à Lac-Édouard : des martinets ramoneurs. Les individus de cette espèce menacée ont l’habitude de se percher et de faire leur nid dans des arbres creux, mais à cause de la colonisation du territoire, le nombre de ces abris a beaucoup diminué. Les martinets se sont donc installés dans des cheminées, dont le nombre a aussi, pour de nombreuses raisons, diminué. La très haute et longue cheminée du sanatorium, abandonnée depuis si longtemps, constituait un perchoir idéal. Vous devinez la suite.

De nouvelles cheminées ont été construites dans la région spécifiquement pour ces oiseaux, entre autres grâce à l’aide d’organisations comme la Fondation de la faune du Québec et le Zoo de Granby. Depuis, la population de martinets ramoneurs est en croissance. À la tombée du jour, à la fin du printemps et en été, on peut admirer un spectacle étonnant : les martinets ramoneurs qui plongent dans leur cheminée, où ils passeront la nuit.

Le « centre-ville » de Lac-Édouard

Les Coffrets de Lorraine dans le centre-ville du Lac Edouard
Les Coffrets de Lorraine dans le centre-ville du Lac Edouard

Il y a 150 habitants à Lac-Édouard, alors vous imaginez que le centre-ville a une apparence aussi rurale que le reste du territoire. Disons qu’on l’appelle « centre » seulement en raison de son emplacement géographique. D’un côté de la rue, vous trouverez la boutique de Lorraine Hallé, Les Coffrets de Lorraine, où elle vend des bijoux qu’elle a retapés, ses créations vestimentaires ainsi que des champignons de la région. Passez y faire un tour et profitez des connaissances mycologiques de Lorraine, qui vit à Lac‑Édouard depuis des décennies. Pourquoi ne pas vous lancer ensuite dans une séance de cueillette?

De l’autre côté de la rue se trouve le Gîte d’Édouard, une modeste et tranquille auberge pour voyageurs. En y déjeunant, j’ai rencontré un couple de gens charmants qui rentraient en VTT chez eux… à près de 200 km de là! On peut dire qu’ils avaient de l’enthousiasme pour leur sport!

La coopérative offre une variété de produits à Lac Edouard
La coopérative offre une variété de produits à Lac Edouard

Pour faire des provisions ou découvrir l’histoire du village, un arrêt à la coop, plus loin sur la rue, s’impose. On y trouve des produits alimentaires étonnamment diversifiés, des produits locaux faits à la main, une sélection très potable de vins et les inévitables produits pour pêcheurs et chasseurs. N’oubliez pas de monter à l’étage pour jeter un coup d’œil au modeste centre historique et vous plonger dans le passé de Lac-Édouard à travers des textes, des photographies et des artéfacts.

D’autres activités amusantes à Lac-Édouard

Pour une escapade d’une nuitée ou la totale retraite de plusieurs jours, la Seigneurie du Triton a quelque chose de spécial. Et gageons que vous vous sentirez dans le coup en ce lieu dont l’accès est réservé aux pontons. Ne manquez pas ce lieu historique, que ce soit pour un séjour de quelques nuits ou seulement pour un repas.

Vue aérienne du Seigneurie du Triton (©Seigneurie du Triton)
Vue aérienne du Seigneurie du Triton (©Seigneurie du Triton)

Le lac Édouard, qui a donné son nom au village, est long de 25 kilomètres. Quant à la région, elle compte plus de 300 lacs, petits et grands, et plus de forêt que vous pouvez en parcourir. Pas étonnant que la destination soit aussi populaire auprès des pêcheurs, des chasseurs saisonniers et des amants de la nature. Au cœur du village se trouvent une plage publique, un terrain de jeu, des sentiers de vélo de montagne, des commerces de location de bateaux et plus encore. Il n’y a rien de mieux que de découvrir un nouvel endroit et de se l’approprier, sinon découvrir un nouvel endroit où il y a des lamas… Des lamas!

Quel mignon lama!
Quel mignon lama!
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