L’Ouest canadien et ses sites de musique à découvrir

Pour les voyageurs qui mettent le cap sur l’Ouest en quête du summum de l’art et de la musique, les concerts intimes sont l’une des plus belles fenêtres sur les véritables artistes d’une ville. Dans les prairies, où la coutume veut que l’on fasse les choses soi-même et trace sa propre voie, se cachent des sites de musique à découvrir.

Saskatoon – Le Witch Mansion

Impresario et propriétaire de la maison de disque Grey Records, Duncan Pickard organise des concerts de groupes locaux et indie au Witch Mansion, un pilier du milieu de la musique indépendante à Saskatoon. « J’ai comme l’impression que les concerts intimes gagnent en importance », observe-t-il au sujet de ses cinq années à remplir ainsi l’ancienne demeure. « C’est une grosse maison ancienne avec des colonnes blanches, et des groupes de tout le Canada viennent y jouer. Quand on en fait mention dans d’autres villes, surtout dans la scène underground, les gens disent souvent : “Oh, c’est vous, ça?” »

Performance du groupe Dumb au Witch Mansion à Saskatoon en Saskatchewan. Crédit Elise Pallagi

Duncan Pickard a sa communauté artistique tatouée sur le cœur. « Il est très important de donner aux artistes la liberté d’utiliser un espace autrement », fait-il valoir en parlant du Witch Mansion, où se produisent régulièrement plusieurs des artistes de sa maison de disque. « Ici, le public ne se sent pas obligé d’acheter à boire ou quoi que ce soit; c’est la musique qui est le centre d’intérêt de la soirée, pas comme dans les bars où les habitués ne s’intéressent pas nécessairement au spectacle. »

Edmonton – L’Empress Ale House

S’il y a un fait particulièrement intéressant au sujet de l’Empress*, c’est qu’il n’était au départ aucunement destiné à accueillir des spectacles. Tapis dans un coin peu achalandé du quartier des bars d’Edmonton, surnommé la Whyte Avenue, l’établissement chouchou a amorcé sa riche histoire comme pub tranquille avant de se transformer graduellement en l’une des salles de spectacle les plus réputées de la ville.

À Edmonton, l’Empress est le rendez-vous des musiciens locaux, en plus d’être l’établissement le plus intime et aimé sur l’avenue Whyte. Crédit: Fish Griwkowsky

« Quand il y a un spectacle à l’Empress, je me fous de qui c’est, je veux y aller », confie Troy Snaterse, du groupe rock-country-alternatif edmontonien Altameda. Les concerts à l’Empress s’apparentent davantage à des réunions de famille, avec une ambiance toujours chaleureuse et agréable qu’il serait impossible de créer dans les sites plus gros et plus établis d’Edmonton. « On est à l’état pur : un système de son bien simple et de l’énergie. »

Kamloops – La Red Collar Brewing Company

JP Lancaster, du quintette pop psychédélique At Mission Dolores, fait des pieds et des mains pour aider Kamloops à s’imposer comme destination spectacle. Quand il organise la venue de groupes avant ou après leur arrêt à Vancouver, il a une prédilection pour la Red Collar Brewing Company*. La microbrasserie accueille des concerts fort courus dans son salon de dégustation et sur sa terrasse envahie par le houblon, où elle sert ses célèbres bières comme la Piston 42 (une IPA noire) et, mon coup de cœur, la costaude et renversante Wobbly Bob. Parmi les récentes prestations phares figurent celles des groupes canadiens The Zolas et The Dudes.

Le groupe local Victoria’s Bridal Party en plein spectacle sur la belle terrasse de la Red Collar Brewing Company. Crédit: Frank Lucas

« La Red Collar ne propose pas une expérience de club rock typique, souligne le musicien. Les groupes sont de plus en plus nombreux à s’arrêter à Kamloops sur la route entre Vancouver et Calgary. La machine est en marche, et nous sommes de retour dans les plans de tournées. »

À l’heure où le coût de la vie monte en flèche à Vancouver et ailleurs, les petites villes comme Kamloops continuent à pousser et à se développer. JP Lancaster affirme que les gens du coin ne sauraient être plus enchantés, et que la plaque tournante du milieu est la Red Collar, qui a la taille idéale pour favoriser l’émergence des talents.

Vancouver – Le Red Gate

Le producteur musical acclamé Jesse Gander connaît comme sa poche la scène musicale de sa ville natale. « Vancouver est un drôle de marché, un marché unique, explique-t-il avec le sourire. Les meilleures salles sont toutes dans l’underground. »

Selon lui, le carrefour d’art et de musique par excellence à Vancouver n’est nul autre que le Red Gate*, une institution de la rue principale qui a survécu à la hausse du coût de la vie provoquée par la construction d’immeubles en copropriété au centre-ville. « L’endroit est axé sur la diversité et accueille des événements pour tous les âges. C’est pour ça qu’il est unique. »

Le Red Gate a maintenu le cap dans une ville qui a la fâcheuse réputation de tuer dans l’œuf les projets de salle de spectacle. Évoquant les lois archaïques sur l’alcool et l’absence d’espaces abordables, Jesse Gander respecte beaucoup le fait que Red Gate a survécu si longtemps aux mutations de Vancouver. Point de rencontre diversifié et fascinant d’une scène indie avant-gardiste, « le Red Gate fait partie de ces lieux de prestations artistiques véritablement underground ».

Photo d’en-tête: Les amateurs de musique se rassemblent volontiers sur la terrasse de la Red Collar Brewing Company pour un concert extérieur. Crédit: Frank Luca

*Sites en anglais seulement

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