Nous sommes dans un endroit que seul le mot « inimaginable » peut décrire, et en même temps, le lieu est exactement comme on se l’imaginait. Il fait un temps superbe, les sommets des montagnes sont enneigés et partout dans notre voiture Skyline se fait entendre un concert improvisé venant d’en bas. Quelqu’un que je n’ai pas encore rencontré chante, un peu faux, du Buffalo Springfield : « There’s something happening here… », des mots qui touchent chacun d’entre nous qui partageons un moment spécial qui dure depuis un mois. En fait, les paroles de cette chanson décrivent parfaitement ce que nous vivons. Bien que nos cordes vocales aient démissionné à peu près au troisième couplet de Piano Man, nous continuons de taper du pied. La musique nous rapproche. D’un bout de la voiture, une voix forte réclame une demande spéciale pour une chanson country que je ne connais pas. La moitié de la voiture bougonne un peu (il y a peu d’amateurs de country parmi nous), mais notre musicien s’exécute de bonne grâce. On ne connaît ni les mots ni le rythme, mais nous faisons de notre mieux pour ajouter notre grain de sel sonore au mélange, histoire de ne pas rater un moment spécial. Mes amis et moi rions de notre piètre performance, mais à chaque fois, la voiture au complet y va d’un « Hourra » enthousiaste, quoiqu’un peu éteint!
J’ai voyagé à bord de plusieurs trains ce mois-ci et je suis encore et toujours étonné de constater que tous ces gens assis autour de moi sont maintenant mes meilleurs amis, même si je ne les connais que depuis un jour. J’ai signé leurs drapeaux et ensemble, nous avons parlé de la vie, de l’amour et de tout ce qui vient avec. Nous tous qui avons pris part à l’aventure #ViaCanada150 avons déjà un tas de choses en commun malgré que nous soyons très différents les uns des autres. Nous nous sommes confié des choses que normalement, on ne se serait pas dites avant des années. Mais ici, grâce à cette amitié forgée dans l’intimité d’une voiture de train, quelque part près d’Edmonton, nous savons que nous pouvons nous faire confiance, que nos récits sont protégés. Et nous reconnaissons que tous ces moments marquants vécus ensemble ont fait de nous une grande famille un peu dingue. Cette aventure nous a changés, un processus qui va se poursuivre encore longtemps.
J’ai quitté mes amis et ma famille à Ottawa au début de juillet pour quelque chose que je ne pensais jamais avoir le courage de faire. Les dernières années ont été une période de croissance au cours de laquelle je suis lentement sorti de ma coquille pour m’ouvrir sur le vrai monde. Ce voyage a décuplé la vitesse de ce processus et aujourd’hui, je me sens comme une toute nouvelle personne. Je me sens à la fois plus mature et plus jeune. Je sens que j’ai pris de l’expérience, mais qu’il me reste encore tant de choses à faire dans ce monde.
Je n’aurais jamais pensé voyager d’abord dans mon propre pays, car j’ai toujours cru que ça ressemblerait trop à l’endroit d’où je viens. Mais c’est tout le contraire. Aucun des endroits que j’ai visités n’était comme Ottawa, il n’y avait pas deux villes semblables. Et cependant, peu importe où je me trouvais, chaque lieu avait ce même esprit typiquement canadien que j’ai ressenti à bord du train. En Alberta, j’ai rencontré des membres de ma famille qui m’ont accueilli et m’ont fait connaître leur façon de vivre. Dans une file d’attente à Toronto, je me suis fait des amis avec qui je vais rester en contact pendant des années. J’ai grimpé des montagnes plus hautes que tout ce que j’avais vu auparavant. J’ai beaucoup changé. J’ai peut-être toujours l’air d’un petit gars de la banlieue, mais j’ai fait des choses dont personne ne peut comprendre la portée, à moins de l’avoir fait soi-même.
Le train poursuit sa route et nos pieds vont continuer de battre la mesure tandis que peu à peu, les prairies, et ensuite la mer vont remplacer les montagnes. Lorsque le train entrera finalement en gare, chacun de nous ira de son côté, vers des villes, des familles, des langues et des cultures différentes. J’ai toujours un peu appréhendé le retour à la maison après une aventure, car j’ai alors le sentiment de passer à côté de ce que le monde a à offrir hors du cocon de l’école et du travail. Mais aujourd’hui, je suis excité à l’idée de revoir mes amis et de partager mes histoires avec eux. Je suis fier d’avoir vu mon propre pays et après ce dernier mois, je suis convaincu que c’est le pays le plus extraordinaire au monde. Ce mois de juillet a été le plus beau mois de ma vie. Je suis heureux d’avoir pu célébrer le 150e anniversaire du Canada d’une si belle façon. L’expérience me permet aujourd’hui d’apprécier mon pays, mon « chez-moi », sous un jour nouveau.